L’IIU démystifiée : Comment l’Insémination Intra-utérine peut aider à concevoir
L’infertilité est une réalité pour de nombreux couples désireux d’avoir des enfants. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 15 % des couples dans le monde sont affectés par l’infertilité.
Parmi les solutions proposées par la procréation médicalement assistée (PMA), l’Insémination Intra-utérine (IIU) est l’une des premières options envisagées. Une étude publiée dans la revue Human Reproduction a révélé que plus de 1,5 million de cycles d’IIU sont réalisés chaque année dans le monde, avec un taux de succès moyen de 12 % par cycle. En 2018, l’International Committee for Monitoring Assisted Reproductive Technologies (ICMART) a estimé que les taux de réussite de l’IIU variaient entre 8 et 22 %, en fonction de divers facteurs tels que l’âge de la femme et la cause de l’infertilité
Dans cet article, nous allons explorer en détail ce qu’est l’IIU, comment elle fonctionne, pour qui elle est adaptée, et quels sont ses avantages et inconvénients.
Qu’est-ce que l’Insémination Intra-utérine (IIU)?
L’Insémination Intra-utérine (IIU), telle que définie par la Société Européenne de Reproduction Humaine et d’Embryologie (ESHRE), est « une technique de reproduction assistée qui consiste à déposer des spermatozoïdes préparés directement dans la cavité utérine de la femme au moment de l’ovulation ».
Contrairement à la fécondation in vitro (FIV), où la fécondation a lieu en laboratoire, l’IIU permet aux spermatozoïdes de rencontrer naturellement l’ovule dans l’environnement utérin, facilitant ainsi le processus de fécondation.
Cette méthode est moins invasive que la FIV, offrant une alternative plus accessible pour de nombreux couples confrontés à des difficultés de conception.
Le processus de l’IIU
Le processus d’Insémination Intra-utérine (IIU) commence par une évaluation approfondie de la santé reproductive du couple. Selon une étude publiée en 2020 dans la revue Human Reproduction, l’évaluation initiale précise de la santé reproductive est cruciale pour identifier les meilleures options de traitement, notamment l’IIU, en fonction des antécédents médicaux et des résultats des examens complémentaires.
Le spécialiste examine l’historique médical des patients, y compris les traitements déjà suivis ou en cours et prescrit une série d’examens complémentaires adaptés à chaque cas, que ce soit pour un couple hétérosexuel ou pour une femme sans partenaire masculin.
Processus avant/pré insémination :
Avant l’insémination intra-utérine, divers examens sont nécessaires pour évaluer la santé reproductive des deux partenaires:
Pour la femme
- Un bilan hormonal effectué au 3e ou 4e jour du cycle pour évaluer la réserve ovarienne, incluant les taux de FSH (hormone folliculo-stimulante), LH (hormone lutéinisante), œstradiol, AMH (hormone anti-müllerienne), TSH ( la thyréostimuline) et PRL (la prolactine).
- Un dépistage sérologique de Clamydia trachomatis (infection sexuellement transmissible causée par la bactérie Chlamydia trachomatis).
- Une échographie pelvienne.
- Une échographie 3D pour examiner l’utérus, en évaluant le volume et la morphologie de la cavité utérine, tant dans ses parties antérieures que postérieures.
- Une hystérosonographie (étude précise de la cavité utérine par voie vaginale) avec contraste (HyFoSY) ou une hystérosalpingographie (radiographie des cavités utérines et tubaires) pour évaluer l’état de l’utérus et vérifier la perméabilité des trompes.
- Un test de transfert (hystérométrie) réalisé en seconde partie de cycle pour mesurer la profondeur de la cavité utérine et s’assurer de la perméabilité de l’orifice interne du col utérin.
Pour l’homme
- Un spermogramme pour analyser la qualité et la quantité des spermatozoïdes.
Processus d’insémination intra-utérine
Après une évaluation approfondie de la santé reproductive de chacun des partenaires, l’insémination intra-utérine (IIU) peut être recommandée comme solution adaptée, visant à optimiser les chances de conception, en tenant compte des conditions spécifiques du couple.
Afin de maximiser les chances de succès, le processus d’IIU s’articule autour de plusieurs étapes cruciales :
- Stimulation ovarienne contrôlée : L’ovulation de la femme est stimulée et régulée à l’aide d’un traitement de stimulation ovarienne sous forme d’ injections quotidiennes de gonadotrophines à partir du deuxième ou du troisième jour du cycle menstruel.
Selon une étude publiée en 2019 dans le Journal of Assisted Reproduction and Genetics, “la stimulation ovarienne contrôlée est efficace pour augmenter le nombre de follicules matures et optimiser le moment de l’ovulation, essentiel pour le succès de l’IIU” - Surveillance de l’ovulation : Un suivi régulier de la croissance des follicules est effectué grâce à un « monitoring » comprenant des dosages hormonaux ( qui détectent l’hormone lutéinisante (LHu), et des échographies ovariennes (2 à 3 contrôles par cycle). Cette surveillance permet de déterminer le nombre d’ovules en voie de maturation et le moment de l’ovulation.
- Déclenchement de l’ovulation : Selon les directives de pratique clinique de l’American Society for Reproductive Medicine (ASRM), le déclenchement de l’ovulation par injection d’hCG, lorsque les follicules atteignent une taille de 16 à 25 mm, est une méthode bien établie pour favoriser l’ovulation synchronisée avec l’insémination intra-utérine.
- Préparation du sperme : Le sperme du partenaire ou d’un donneur est recueilli par masturbation et préparé en laboratoire pour sélectionner les spermatozoïdes les plus mobiles et les plus viables et pour écarter les spermatozoïdes morts, immobiles ou lents. Le sperme peut également être issu d’une cryoconservation.
- Insertion des spermatozoïdes ou Insémination : Une fois que l’ovulation est détectée, les spermatozoïdes préparés sont délicatement introduits dans l’utérus de la femme à l’aide d’un fin cathéter. Cette procédure est indolore et se déroule en quelques minutes.
Processus post insémination intra-utérine
Dès le lendemain de l’insémination et jusqu’au test sanguin qui déterminera le début éventuel d’une grossesse, la patiente prendra chaque soir de la progestérone afin de favoriser l’implantation de l’embryon.
Un test de grossesse est effectué, en moyenne, 15 jours après l’insémination.
- En cas de grossesse, le traitement est maintenu.
- En cas d’échec, le traitement est interrompu.
Le processus d’IIU est relativement simple par rapport à d’autres techniques de PMA, offrant une approche douce tout en maximisant les chances de conception pour de nombreux couples.
Dans quels cas l’Insémination Intra-Utérine est indiquée?
L’insémination intra-utérine (IIU) est une technique de procréation médicalement assistée (PMA) adaptée à divers cas d’infertilité. Elle peut être recommandée pour plusieurs raisons, que ce soit pour des facteurs liés à la femme ou à l’homme.
Indications liées à la femme
Infertilité inexpliquée :
- Lorsque, malgré un bilan de fertilité complet, aucune cause précise d’infertilité n’a été identifiée.
Endométriose légère à modérée :
- Lorsque la femme souffre d’endométriose minime et a au moins une trompe perméable.
Facteurs cervicaux :
- Anomalies de la glaire cervicale qui empêchent les spermatozoïdes de pénétrer dans l’utérus.
- Chirurgie du col utérin.
Troubles de l’ovulation :
- Femmes qui ovulent de manière irrégulière
Cas spécifiques :
- Femmes avec des trompes perméables mais infertiles.
- Femmes pour qui les traitements d’induction simple de l’ovulation sont restés inefficaces.
Indications liées à l’homme
Infertilité masculine légère à modérée :
- Réduction de la concentration ou de la mobilité des spermatozoïdes.
Problèmes physiques empêchant les relations sexuelles :
- Dysfonction érectile.
- Paraplégie.
Difficultés de conception :
- Anomalie modérée de la qualité du sperme.
- Problèmes d’érection ou d’éjaculation.
L’IIU est une solution fréquemment envisagée pour ces différentes situations, offrant une alternative moins invasive et plus accessible que d’autres techniques de PMA comme la fécondation in vitro (FIV). Elle permet de contourner certaines barrières à la fécondation naturelle, augmentant ainsi les chances de conception pour de nombreux couples.
Avantages de l’IIU
L’IIU présente plusieurs avantages par rapport à d’autres méthodes de procréation assistée :
- Moins invasive et moins coûteuse : Comparée à la FIV, l’IIU est moins invasive et nécessite moins d’interventions médicales complexes, ce qui la rend également plus abordable.
Selon une étude publiée dans le Journal of Human Reproductive Sciences en 2021, le coût moyen d’un cycle d’IIU est inférieur d’environ 50 % par rapport à un cycle de FIV, rendant cette méthode plus accessible financièrement. - Procédure rapide : L’IIU est reconnue pour sa simplicité et sa rapidité. En moyenne, la procédure d’IIU peut être réalisée en seulement 5 minutes, sans anesthésie, ce qui minimise le stress et l’inconfort pour les patients
- Moins de risques : La stimulation ovarienne contrôlée utilisée dans le cadre de l’IIU est associée à des risques moindres d’hyperstimulation ovarienne par rapport à la FIV. Une étude de la Cochrane Database of Systematic Reviews, réalisée en 2020, a souligné que la gestion des doses de gonadotrophines dans l’IIU réduit significativement les risques d’effets indésirables graves par rapport aux protocoles plus intensifs de la FIV.
- Moins d’interruptions dans la vie quotidienne : Contrairement à d’autres techniques comme la FIV qui nécessitent plusieurs visites médicales intensives et une surveillance continue, l’IIU permet aux couples de maintenir une vie quotidienne plus stable et moins perturbée. Cela réduit le stress associé aux traitements de fertilité.
- Approche plus naturelle : L’IIU permet aux spermatozoïdes de féconder l’ovule naturellement dans l’utérus, contrairement à la FIV où la fécondation a lieu en laboratoire. Pour certains couples, cette approche peut être perçue comme plus naturelle et moins intrusive sur le plan émotionnel.
- Peut être combinée avec d’autres traitements : L’IIU peut être utilisée en combinaison avec d’autres traitements de fertilité, tels que l’induction de l’ovulation, pour optimiser les chances de conception chez certains couples présentant des défis multiples en matière de fertilité.
Inconvénients et limites de l’IIU
Malgré ses nombreux avantages, l’IIU présente aussi certaines limites et inconvénients :
- Taux de succès modérés : Les taux de succès de l’IIU varient entre 10 et 20 % par cycle, en fonction de l’âge de la femme et des causes de l’infertilité.
- Plusieurs tentatives possibles : Plusieurs cycles d’IIU peuvent être nécessaires avant d’obtenir une grossesse, ce qui peut être émotionnellement et financièrement éprouvant.
- Risques de grossesses multiples : La stimulation ovarienne peut augmenter le risque de grossesses multiples (jumeaux, triplés).
Conclusion
L’insémination intra-utérine est une option viable pour de nombreux couples confrontés à l’infertilité. Bien qu’elle ne garantisse pas le succès à chaque tentative, elle offre une solution moins invasive et plus accessible que d’autres techniques de PMA.
En discutant avec leur médecin et en se préparant adéquatement, les couples peuvent maximiser leurs chances de concevoir grâce à l’IIU.
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