Le don de gamètes dans la PMA : Processus, don d’ovules et don de sperme
Le don de gamètes (ovules et sperme) joue un rôle crucial dans le domaine de la procréation médicalement assistée (PMA). Cette procédure offre une solution aux problèmes d’infertilité ou aux situations où la conception naturelle est impossible ou non souhaitée.
Cet article met l’accent sur les aspects spécifiques du don des gamètes dont le processus du don d’ovules et du don de sperme, ainsi que sur les implications légales, éthiques et psychologiques de ces pratiques.
Qu’est-ce que le don de gamètes ?
Le don de gamètes est une procédure médicale où une personne donne ses cellules reproductrices (ovules ou spermatozoïdes) à d’autres individus ou à des couples incapables de concevoir avec leurs propres gamètes.
Cette pratique est devenue une partie intégrante de la procréation médicalement assistée (PMA) et permet à de nombreux couples infertiles, ainsi qu’aux personnes célibataires et aux couples de même sexe, de réaliser leur rêve de devenir parents.
Les dons de gamètes ont atteint un record en France en 2021, face à une demande elle-même en plein essor dans un contexte d’extension de la PMA, a annoncé l’Agence de la biomédecine dans un communiqué datant du 1er mars 2022. “Près de 600 hommes ont donné leurs spermatozoïdes. Quant aux dons d’ovules, près de 900 femmes en ont donné.”.
Au Royaume-Uni, le nombre total d’inscriptions de donneurs de sperme et d’ovules est passé de moins de 1 000 par an au début des années 1990 à plus de 2 300 en 2019, d’après les statistiques publiées en novembre 2022 par la Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA).
Les types de don de gamètes
1. Le don d’ovules
Le don d’ovules est une technique par laquelle une femme, appelée donneuse, fournit ses ovules à une autre femme qui est incapable de produire des ovules viables. Les ovules donnés sont fécondés en laboratoire avec le sperme du partenaire ou d’un donneur, et les embryons résultants sont transférés dans l’utérus de la receveuse.
Aux États-Unis, le taux moyen de dons d’ovules aboutissant à une naissance vivante est de 50 %. Chaque étape du processus a également ses propres taux de réussite : la probabilité qu’un ovule fécondé d’une donneuse produise des embryons se développant correctement est de 80 %, la probabilité que ces embryons s’implantent correctement dans un utérus est de 75 à 85 %, et la probabilité d’une grossesse clinique est de 55 à 65 %. (selon Family Solutions International, agence internationale leader en matière de maternité de substitution et de don d’ovules).
2. Le don de sperme
Le don de sperme est une procédure par laquelle un homme, appelé donneur, fournit son sperme à une banque de sperme ou directement à une clinique de fertilité. Le sperme est ensuite utilisé pour inséminer une femme, soit par insémination intra-utérine (IIU), soit par fécondation in vitro (FIV).
Au Royaume-Uni, le nombre d’enfants nés de sperme de donneur a plus que triplé, passant de moins de 900 en 2006 à plus de 2 800 en 2019, selon l’organisme Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA). En France, 870 enfants sont nés en 2021 grâce à un don de spermatozoïdes, selon le site Ameli.fr.
Pourquoi le don de gamètes est-il nécessaire ?
Le don de gamètes est souvent la seule option pour les personnes ou les couples confrontés à des problèmes d’infertilité. Les causes peuvent être variées :
- L’infertilité masculine : Anomalies du sperme (problèmes liés à la qualité ou à la quantité de spermatozoïdes, tels que des anomalies morphologiques ou une faible mobilité), azoospermie (absence de spermatozoïdes), etc.
“Le sperme d’un donneur peut être utilisé lorsque le partenaire masculin est incapable de féconder, comme dans le cas de l’azoospermie ou d’une oligospermie sévère qui peut survenir chez jusqu’à 10 % des hommes.”, a révélé un article publié en 2006 dans la revue médicale Andrologia.
- L’infertilité féminine : Problèmes ovulatoires (en raison de syndromes comme le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)), absence d’ovaires fonctionnels ou insuffisance ovarienne prématurée, traitements médicaux (comme la chimiothérapie ou la radiothérapie pouvant endommager les ovaires), etc.
“la femme peut également être incapable de concevoir (par exemple, diminution de la réserve ovarienne ) et nécessitent l’aide d’ovules de donneuses.”, comme l’ont stipulé des Guidelines parus en 2006 dans la revue médicale Fertility and Sterility.
- Les troubles génétiques : Risque de transmission de maladies héréditaires.
Un article publié par le National Center for Biotechnology Information (août 2018), a évoqué le recours à l’utilisation des tests génétiques préimplantatoires (PGT), dans le cadre du don de gamètes, pour éviter la transmission de maladies génétiques.
- Les couples de même sexe : Les couples de femmes ou les hommes célibataires qui souhaitent avoir des enfants.
- Les femmes célibataires : Désir de parentalité sans partenaire masculin.
Le processus de don des gamètes
Le processus de don d’ovules
Le don d’ovules est un processus délicat et complexe qui comporte plusieurs étapes essentielles :
- La sélection et l’évaluation
- Les critères de sélection : Les donneuses doivent appartenir à la tranche d’âge 18-35 ans et être en bonne santé physique et mentale.
- Les évaluations médicales : Cela inclut un examen physique, des tests sanguins pour détecter des maladies infectieuses (comme le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), l’hépatite) et des examens pour exclure des troubles génétiques héréditaires.
- L’évaluation psychologique : Une consultation avec un psychologue est requise pour s’assurer que la donneuse comprend les implications du don et est émotionnellement prête à y participer.
- La stimulation ovarienne
- La médication hormonale : La donneuse reçoit des injections d’hormones (gonadotrophines) pendant 10 à 14 jours pour stimuler ses ovaires à produire plusieurs ovules matures au lieu d’un seul par cycle.
- La surveillance : Des échographies et des tests sanguins réguliers sont réalisés pour surveiller la réponse des ovaires et ajuster le traitement si nécessaire.
- La ponction ovarienne
- La procédure : La collecte des ovules, appelée ponction ovarienne, se fait sous sédation ou anesthésie légère. Une aiguille est insérée dans les ovaires via le vagin, guidée par échographie, pour aspirer les ovules.
- La durée et la récupération : La procédure dure généralement 20 à 30 minutes, et la donneuse peut rentrer chez elle le jour même après une courte période de surveillance.
- L’utilisation des ovules
- La FIV : Les ovules prélevés sont fécondés en laboratoire avec le sperme du partenaire de la receveuse ou d’un donneur.
- La congélation : Les ovules non utilisés peuvent être congelés pour une utilisation future.
- La recherche : Dans certains cas, les ovules non viables pour la fertilisation peuvent être utilisés à des fins de recherche.
Le processus de don de sperme
Le don de sperme est un processus moins invasif que le don d’ovules, mais il comporte également plusieurs étapes :
- La sélection et l’évaluation
Les donneurs potentiels sont soigneusement sélectionnés. Ce processus inclut :
- Un examen médical : Les donneurs subissent un examen physique pour s’assurer de leur bonne santé générale.
- Des tests de dépistage : Des tests sont réalisés pour détecter des maladies infectieuses (comme le VIH et l’hépatite) et des maladies génétiques. Les antécédents médicaux familiaux sont également examinés.
- Une évaluation psychologique : Une évaluation psychologique est effectuée pour vérifier que le donneur comprend les implications de son don et qu’il est psychologiquement apte.
- La collecte du sperme
- La méthode : Le sperme est collecté par masturbation dans un environnement clinique privé et stérile. Il peut être demandé aux donneurs de s’abstenir de rapports sexuels ou de masturbation pendant quelques jours avant la collecte pour assurer une bonne qualité du sperme.
- La fréquence : Plusieurs échantillons peuvent être nécessaires pour garantir une quantité et une qualité suffisantes. Les donneurs sont invités à donner à plusieurs reprises sur une période définie.
- L’analyse et le traitement
- L’analyse du sperme : Chaque échantillon est analysé pour vérifier la concentration, la motilité et la morphologie des spermatozoïdes.
- La cryopréservation : Le sperme est ensuite congelé (cryoconservé) en utilisant des traitements qui maintiennent la viabilité des spermatozoïdes pendant le stockage à long terme.
- L’utilisation du sperme
Le sperme congelé peut être utilisé de diverses manières, selon les besoins des receveurs :
- L’insémination intra-utérine (IIU) : Le sperme est directement introduit dans l’utérus de la receveuse pendant sa période d’ovulation.
- La fécondation in vitro (FIV) : Le sperme est utilisé pour féconder des ovules en laboratoire, avec implantation ultérieure des embryons.
- L’ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïdes) : Un seul spermatozoïde est injecté directement dans un ovule, méthode utilisée notamment en cas de problèmes de motilité ou de nombre de spermatozoïdes.
Le don de gamètes : les implications légales, éthiques et psychologiques
La législation
Les lois sur le don de gamètes varient considérablement d’un pays à l’autre. En France, par exemple, le don de gamètes est strictement encadré par la loi de bioéthique, qui impose l’anonymat des donneurs et la gratuité du don.
D’autres pays, comme les États-Unis, permettent des dons rémunérés et non anonymes.
Les droits et devoirs des donneurs et receveurs
Les donneurs de gamètes ont des droits et des devoirs clairement définis par la loi. Ils doivent notamment donner leur consentement éclairé et peuvent à tout moment retirer leur consentement avant l’utilisation des gamètes. Les receveurs, quant à eux, ont le droit de bénéficier d’une information complète sur les procédures et les risques associés.
Les questions éthiques
Les principales questions éthiques entourant le don de gamètes incluent :
- L’anonymat des donneurs : Le débat sur l’anonymat oppose le droit des donneurs à la vie privée et le droit des enfants nés grâce au don de connaître leurs origines.
La loi relative à la bioéthique du 2 août 2021, en France, a créé un nouveau droit pour les personnes issues d’une assistance médicale à la procréation avec don de gamètes ou d’embryons. A partir de leur majorité, elles pourront demander, si elles le souhaitent, d’avoir accès à l’identité du donneur et/ou à ses données non identifiantes. De leur côté, les donneuses et les donneurs de gamètes doivent, préalablement à leur don, consentir expressément à ce que leur identité puisse être un jour révélée aux enfants qui en seront issus.
- La rémunération des donneurs : Certains soutiennent que la rémunération peut encourager plus de dons, tandis que d’autres craignent que cela ne transforme les donneurs en vendeurs de parties du corps.
L’impact psychologique
Les donneuses, entre autres, doivent être préparées aux implications émotionnelles du don, notamment le fait de savoir que des enfants génétiquement liés à elles peuvent naître.
Les risques médicaux
La stimulation ovarienne peut comporter des risques tels que le syndrome d’hyperstimulation ovarienne (SHO), qui peut provoquer des douleurs et des complications.
Conclusion
Le don de gamètes, qu’il s’agisse de don d’ovules ou de sperme, est une composante essentielle de la procréation médicalement assistée. C’est une solution offrant une réponse personnalisée à des situations complexes et variées d’infertilité ou de désir de parentalité. Cela permet à de nombreuses personnes de surmonter des obstacles biologiques et de réaliser leur rêve de fonder une famille.
Toutefois, il soulève des questions éthiques, psychologiques et légales complexes. Une compréhension approfondie de ces enjeux est nécessaire pour améliorer les pratiques, protéger les droits des donneurs et des receveurs, et guider les évolutions futures de la législation en matière de PMA.
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