Lorsque l’infertilité concerne le couple : approches et solutions

L’infertilité du couple peut être un défi émotionnellement et physiquement éprouvant, surtout pour les conjoints désireux de fonder une famille. 

Bien que cela puisse sembler un parcours difficile, il est essentiel de comprendre que l’infertilité est plus courante qu’on ne le pense. Dans le monde, 48 millions de couples ont du mal à concevoir un enfant, selon une fiche d’information publiée en 2020 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Cet article examine les diverses causes de l’infertilité chez les couples, les approches de diagnostic et les solutions disponibles pour surmonter ce défi.

Qu’est-ce que l’infertilité ?

L’infertilité, selon la définition de l’OMS en avril 2023, est une maladie du système reproducteur masculin ou féminin, caractérisée par l’incapacité d’obtenir une grossesse après 12 mois ou plus de rapports sexuels réguliers non protégés.

L’infertilité peut résulter de problèmes chez l’homme, la femme, ou les deux (et dans certains cas, la cause reste inexpliquée).

Selon un article publié en 2022 par la Société Française d’Endocrinologie (SFE)  :”Dans un couple infertile, l’infécondité est d’origine féminine dans un tiers des cas, masculine dans un tiers des cas ; elle est partagée dans le dernier tiers.”

C’est pour cette raison que l’exploration d’un couple infertile doit donc être menée parallèlement chez les deux partenaires, même en cas de cause évidente chez l’un des deux partenaires.

Quelles sont les causes de l’infertilité ?

Principales causes d’infertilité chez les femmes

 

Troubles ovulatoires Les troubles de l’ovulation, tels que le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), peuvent entraîner des irrégularités dans la libération des ovules, ce qui rend la conception difficile.

Une fiche d’information de juin 2023 publiée par l’OMS a révélé que le SOPK touche environ 8 à 13 % des femmes en âge de procréer. C’est l’une des principales causes d’infertilité.

Problèmes de l’utérus Les problèmes de l’utérus incluent des excroissances appelées polypes utérins, des problèmes de forme de l’utérus ou des problèmes avec son extrémité inférieure, appelée col de l’utérus. 

Les tumeurs de la paroi de l’utérus, appelées fibromes utérins, peuvent également entraver la conception, mais ce ne sont pas des cancers. Les fibromes peuvent bloquer les trompes de Fallope, où l’ovule et le sperme fusionnent. Ils peuvent également empêcher un ovule fécondé de se fixer à l’utérus, ce qui est nécessaire au développement de la grossesse.

Infections Les infections sexuellement transmissibles non traitées, telles que la chlamydia ou la gonorrhée, peuvent endommager les trompes de Fallope, ce qui compromet la capacité de l’ovule à atteindre l’utérus.
Troubles hormonaux Des déséquilibres hormonaux, tels qu’une production insuffisante ou excessive d’hormones reproductives comme l’oestrogène ou la progestérone, peuvent perturber le processus de reproduction.

Des niveaux élevés de prolactine, ou hyperprolactinémie, peuvent provoquer également des irrégularités menstruelles et une altération de la libido.

Par ailleurs, soit une trop grande quantité d’hormones thyroïdiennes, appelée hyperthyroïdie, soit une quantité insuffisante, appelée hypothyroïdie, peut affecter le cycle menstruel ou provoquer l’infertilité.

Endométriose L’endométriose est une maladie chronique où les tissus similaires à la muqueuse interne de l’utérus se développent à l’extérieur de l’utérus. Cela peut affecter le fonctionnement des ovaires, de l’utérus et des trompes de Fallope.

Selon l’OMS, elle touche près de 10 % des femmes et des filles en âge de procréer à l’échelle mondiale, soit 190 millions de personnes.

 

Principales causes d’infertilité chez les hommes

 

Anomalies du Sperme  Des anomalies dans la qualité, la quantité ou la motilité du sperme peuvent rendre la fécondation difficile: 

  • une concentration anormalement faible en spermatozoïdes dans le sperme (oligospermie), 
  • un nombre important de spermatozoïdes de taille, de forme ou de structure anormales (tératospermie),
  • ou une affection du sperme due à une mauvaise mobilité des spermatozoïdes (asthénospermie, appelée aussi asthénozoospermie) peuvent tous contribuer à l’infertilité masculine

Ces anomalies peuvent être causées par divers facteurs tels que des infections, des troubles hormonaux, des dommages génétiques ou des problèmes de santé généraux.

Troubles de l’éjaculation Les troubles de l’éjaculation peuvent interférer avec le processus de transfert de sperme dans le tractus reproducteur féminin.

  • L’éjaculation rétrograde est un trouble où le sperme est dirigé vers la vessie au lieu de sortir par l’urètre lors de l’éjaculation. Cela peut être causé par des dommages aux muscles ou aux nerfs autour de la vessie, associés à des conditions médicales telles que le diabète ou la chirurgie de la prostate.
  • L’éjaculation prématurée, où l’éjaculation se produit trop rapidement après le début de la stimulation sexuelle, peut également poser problème car le sperme n’a pas suffisamment de temps pour atteindre l’ovule.
Problèmes génétiques Des anomalies génétiques, telles que la présence de chromosomes sexuels anormaux (comme dans le syndrome de Klinefelter) ou des mutations génétiques affectant la production de spermatozoïdes, peuvent entraîner une infertilité masculine.

Causes communes aux deux partenaires

 

Âge -La fécondité des femmes diminue lentement avec l’âge, surtout au milieu de la trentaine. Elle diminue rapidement après 37 ans. L’infertilité chez les femmes âgées est probablement due au nombre et à la qualité inférieurs des ovules, ou à des problèmes de santé qui affectent la fertilité

-Les hommes de plus de 40 ans peuvent être moins fertiles que les hommes plus jeunes (la qualité et la quantité des spermatozoïdes diminuent avec l’âge).

Traitements médicaux Certains traitements médicaux, tels que la chimiothérapie, peuvent induire l’infertilité en affectant la production de spermatozoïdes chez l’homme ou en altérant la qualité des ovules chez la femme. 
Stress Un niveau élevé de stress chronique peut perturber les fonctions hormonales, y compris celles impliquées dans la reproduction.

Des chercheurs américains de l’université d’Emory (Atlanta, Géorgie) et de l’école de santé publique de Louisville (Kentucky) ont conclu que les chances de tomber enceinte seraient réduites de 40 % chez les femmes ressentant un niveau important de stress au moment de l’ovulation. Et, la probabilité de concevoir un enfant serait réduite de 45 % chez les futures mères fortement stressées.

Mode de vie Des choix de mode de vie peu sains, tels que le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, une alimentation déséquilibrée et une activité physique insuffisante, peuvent affecter la fertilité.
Exposition à certaines substances toxiques  L’exposition à des substances toxiques telles que les produits chimiques industriels, les pesticides, les métaux lourds et les produits chimiques présents dans certains plastiques peut avoir des effets néfastes sur la fertilité.

Une étude publiée dans la revue Environmental Health Perspectives en 2016 a examiné l’impact de l’exposition aux pesticides sur la fertilité masculine. Elle a révélé une corrélation significative entre l’exposition aux pesticides et des paramètres de fertilité réduits, tels qu’une diminution du nombre de spermatozoïdes, une altération de leur mobilité et une augmentation des anomalies morphologiques du sperme.

 

Diagnostic de l’infertilité

Consultation médicale préliminaire

Une évaluation approfondie de la santé reproductive des deux partenaires est essentielle. Cela peut inclure des antécédents médicaux détaillés, des examens physiques et des discussions sur le mode de vie. 

Les professionnels de la santé peuvent poser des questions sur les antécédents médicaux familiaux, la fréquence des rapports sexuels, les méthodes contraceptives antérieures, les antécédents de grossesse, les habitudes alimentaires, l’exposition à des substances toxiques, la consommation de tabac, d’alcool ou de drogues, ainsi que sur d’autres facteurs pouvant affecter la fertilité.

Tests spécifiques pour les femmes

Les tests d’infertilité spécifiques pour les femmes peuvent inclure :

  • L’exploration de la fonction ovarienne : Chez les femmes, des tests d’ovulation et des évaluations de la réserve ovarienne peuvent aider à comprendre la qualité des ovules et la capacité de conception.
  • Les tests hormonaux : Des analyses sanguines sont réalisées pour évaluer les niveaux d’hormones qui régulent l’ovulation.
  • L’hystérosalpingographie : C’est une radiographie de la matrice et des trompes. Cet examen permet de mettre en évidence des pathologies utérines intracavitaires (polype, fibrome, synéchie, restes placentaires, malformation utérine) et de vérifier la perméabilité des trompes.
  • L’échographie pelvienne : C’est un examen médical de la sphère génitale féminine.Il permet l’analyse morphologique et la recherche de pathologies :
    – de l’utérus, du myomètre, de la cavité utérine et de l’endomètre.
    – des annexes, correspondant aux trompes utérines et aux ovaires.

Tests spécifiques pour les hommes

Les tests d’infertilité spécifiques pour les hommes peuvent impliquer :

  • Une analyse du Sperme : Elle peut révéler des problèmes potentiels tels que la qualité du sperme, le nombre de spermatozoïdes, la mobilité, etc.
  • Des tests hormonaux. Un homme peut subir une analyse de sang pour vérifier son niveau de testostérone et d’autres hormones mâles.

Tests complémentaires

Dans certains cas, les professionnels de la santé peuvent recommander des tests génétiques en vue de déceler les troubles héréditaires affectant la fertilité.

Des techniques d’imagerie avancées ou des biopsies peuvent être également nécessaires dans le cas de diagnostics d’infertilité plus complexes.

Chaque approche de diagnostic est importante pour identifier toute cause sous-jacente de l’infertilité et pour guider le choix des traitements les plus appropriés. Les résultats de ces tests aident les professionnels de la santé à élaborer un plan de traitement personnalisé pour chaque couple, en tenant compte de leurs besoins et de leurs circonstances spécifiques.

Solutions et approches thérapeutiques de l’infertilité

Traitements médicamenteux

  • Pour les femmes : Des médicaments peuvent être prescrits pour stimuler l’ovulation chez les femmes qui n’ovulent pas régulièrement.
  • Pour les hommes : Certains médicaments peuvent être utilisés pour traiter des problèmes spécifiques liés à la production ou à la qualité du sperme. 

Procréation Médicalement Assistée (PMA)

  • La Fécondation In Vitro (FIV) : La FIV est l’une des techniques de PMA les plus couramment utilisées. Elle implique la fécondation des ovules en laboratoire, suivie de la transplantation d’embryons dans l’utérus de la femme.
  • L’Insémination Intra-Utérine (IIU) : L’IIU consiste à injecter du sperme directement dans l’utérus de la femme au moment de l’ovulation pour augmenter les chances de fécondation.

Options Chirurgicales

  • Pour les femmes: Certaines affections de l’utérus peuvent être traitées par hystéroscopie. Celles-ci incluent les polypes, le tissu cicatriciel et certains fibromes. Une chirurgie laparoscopique ou une chirurgie traditionnelle peuvent être nécessaires pour traiter des affections telles que l’endométriose, les adhérences pelviennes et les fibromes.
  • Pour les hommes: Dans certains cas, la chirurgie peut inverser un blocage des spermatozoïdes et restaurer la fertilité. Dans d’autres cas, la réparation d’une varicocèle importante peut améliorer les chances globales de grossesse.

Changement de mode de vie

  • Une alimentation équilibrée peut favoriser la santé reproductive chez les deux partenaires.
  • Une activité physique régulière peut aider à maintenir un poids santé et à réduire le stress, ce qui peut améliorer la fertilité.
  • Les techniques de gestion du stress (méditation, yoga …) peuvent avoir un impact positif sur la fertilité.

Support Psychologique

 

  • Counseling individuel ou en couple : Un soutien psychologique peut aider les couples à faire face aux sentiments de frustration, de tristesse ou de culpabilité associés à l’infertilité.
  • Groupes de soutien : Rejoindre un groupe de soutien composé d’autres couples confrontés à l’infertilité peut favoriser un sentiment de communauté et de compréhension mutuelle.

Conclusion

L’infertilité dans un couple peut être une épreuve complexe, mais avec les approches de diagnostic avancées et les nombreuses solutions disponibles, beaucoup de couples peuvent réaliser leur rêve de fonder une famille.

La clé réside dans la communication ouverte, le soutien mutuel et la recherche de soins spécialisés. Consulter un médecin spécialiste peut aider à élaborer un plan personnalisé en fonction des besoins spécifiques du couple.

 

 

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